Fraîchement reconduit pour un deuxième mandat à la tête de la Fed, Jerome Powell est confronté à un nouveau défi.
Depuis quelques mois, le marché s’attendait à une remontée des taux directeurs dans les grandes économies mondiales. Les investisseurs se sont positionnés en fonction de ce changement et ont ajusté leurs vues au fur et à mesure des publications des chiffres de l’emploi et de l’inflation. Il y a encore quelques jours, les perspectives d’un ralentissement des mesures accommodantes des banques centrales faisaient consensus et le marché s’exerçait à établir un calendrier précis des resserrements monétaires.
Les premières annonces pour une remontée des taux aux États-Unis étaient d’abord attendues pour le début de l’année 2023. Puis, avec l’émergence d’une inflation plus forte qu’attendu, l’anticipation s’est décalée sur la fin de l’année 2022. Elle a été ensuite avancée à septembre 2022 et, enfin, au début de l’été 2022. Même histoire pour une remontée des taux dans la zone euro, qui a toutefois fait l’objet de moins de spéculations, avec des attentes se concentrant autour de mars 2023.
C’était toutefois sans compter sur les variants du coronavirus. Confortés par la fermeté de la reprise économique et la rapidité des campagnes de vaccinations, les investisseurs avaient réduit le virus au rang de facteur mineur dans les décisions d’investissement. Dans la nuit de jeudi à vendredi, l’annonce faite par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) de la découverte, en Afrique du Sud, d’un nouveau variant, potentiellement plus agressif que toutes les autres formes connues à ce jour, a fait l’effet d’un électrochoc pour les marchés.
Vendredi dernier, les investisseurs se sont réveillés en mode panique. Toutes les stratégies d’investissement ayant anticipé une remontée des taux ont dû faire face à cette nouvelle réalité. En l’espace de quelques heures, les rendements obligataires sont repartis à la baisse de façon très prononcées sur tous les marchés. Les attentes de remontée des taux ont été repoussées par les stratégistes des grandes banques. Les attentes de resserrements monétaires dès les mois à venir ont été simplement remises au placard, le temps de pouvoir mesurer l’impact contrariant de ce nouveau variant pour l’économie et les marchés. Les craintes d’un ralentissement de la croissance mondiale sont revenues au premier plan, forçant tous les acteurs à réévaluer les positionnements de leurs portefeuilles pour les mois à venir.
Tant que le potentiel contagieux et la résistance des vaccins en circulation de ce nouveau variant ne seront pas connus, toutes les prédictions seront fragiles, au risque d’entraîner des décisions qu’il faudra reconsidérer.