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La plupart des gestionnaires n’ont pu que constater, impuissants, l'accumulation des pertes.

MARCHÉS 1 novembre 2022
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Année délicate sur le marché obligataire

L’année 2022 restera sûrement dans la mémoire de beaucoup d’investisseurs et d’investisseuses au vu de l’ampleur des pertes sur le marché obligataire.

Depuis le début de l’année, la plupart des gestionnaires n’ont pu que constater, impuissants, que les pertes s’accumulaient après chaque remontée des taux directeurs par les banques centrales. Le point positif restait la promesse qu’avec ces nouveaux taux plus élevés – que les compagnies ayant un besoin de refinancement allaient devoir payer – les réinvestissements permettraient de combler une partie des pertes effectuées.

Cet espoir s’est vite amenuisé.

Les obligations en souffrance

Si nous considérons toutes les obligations émises sur 2022, nous pouvons les séparer en deux groupes distincts. Les obligations émises en janvier et février sont celles qui ont souffert le plus : il y en a eu 480 et elles ont subi une perte moyenne de 17%, représentant environ USD 64 milliards. En comparaison, sur les 1 555 obligations Investment Grade émises depuis le début de l’offensive russe en Ukraine (24 février) – pour un total de USD 1 300 milliards –, seules 137 traitent à ce jour au-dessus de leur prix d’émission, avec une baisse estimée à USD 106 milliards.

Un positionnement difficile à trouver

Tous les titres émis entre septembre et octobre, qui ont donc profité d’une grande partie de la remontée des taux, ne sont pas tellement mieux lotis. Il y a eu 336 émissions et deux tiers d’entre elles traitent déjà sous leur prix d’émission (source : Bloomberg). Avec une inflation qui n’est toujours pas sous contrôle dans tous les pays développés et les réflexions des banques centrales qui sont encore en cours, il reste difficile de trouver un bon positionnement sans subir de pertes. D’un côté, il y a les entreprises qui espèrent émettre de la façon la plus avantageuse pour elles et, de l’autre, les investisseurs et investisseuses qui cherchent des rendements pouvant les protéger de la prochaine remontée des taux. Mais à ce jeu-là, tout le monde ne peut pas être gagnant.

Le choix du secteur et de l’entreprise est déterminant

En début de semaine dernière, les taux des Treasuries ont touché leurs niveaux les plus élevés depuis 2008, ajoutant d’un côté encore un peu de souffrance aux portefeuilles. Cela annonce aussi que toutes les prochaines entreprises qui viendront se refinancer sur le marché vont commencer à devoir payer des rendements de plus en plus intéressants, qui permettront, sur une période plus ou moins longue, de recouper tout ou du moins une grande partie des pertes subies au cours des douze derniers mois.

Tous ces exemples illustrent une fois encore à quel point il est important de bien choisir non seulement le secteur, mais aussi les entreprises dans lesquelles investir. Il faut également se souvenir de ne pas accepter des rendements qui ne compenseraient plus les risques encourus, même si cela signifie renoncer à participer à une partie de la remontée attendue.

Publié dans le commentaire hebdomadaire "Matinale Express Marchés" de la Salle des marchés de la BCV, le 1er novembre 2022