Au cours de la dernière décennie, les consommateurs ont bénéficié de la force du franc, car elle limite l’inflation en réduisant notamment les prix à l’importation.
Le franc reste fort. S'il constitue un handicap pour les entreprises exportatrices, il peut en revanche servir de protection contre l'inflation. À certaines conditions toutefois.
Une hausse excessive de notre devise n’est pas indolore pour l’économie suisse, ce d’autant plus que notre principal partenaire commercial, l’Allemagne, pourrait sortir fragilisé des tensions géopolitiques aux portes de l’Union européenne. Le renforcement du franc est, depuis de nombreuses années, un aiguillon quasi permanent dans le flanc des entreprises exportatrices afin qu’elles se montrent plus efficaces, plus performantes, plus agiles ou focalisées sur des produits et services à forte valeur ajoutée. Ses envolées rapides sont en revanche bien plus délicates à gérer.
Autre conséquence de la force du franc, dont ont profité les consommateurs au cours de la dernière décennie, elle limite l’inflation en réduisant notamment les prix à l’importation. Ainsi, les prix ont progressé de 5,8% en février sur un an dans la zone euro et de 2,2% en Suisse.
Antidouleur par excellence contre la hausse des prix dans les phases normales d’un cycle conjoncturel, qu’en sera-t-il dans la situation actuelle? Miser sur un net affaiblissement du franc reste prématuré. Alors que l’inflation suisse grimpe déjà, dans le sillage de la vive accélération de la demande mondiale de 2021, la crise ukrainienne accentue le mouvement, notamment avec les tensions sur les matières premières. Le franc fort pourrait ne pas suffire. Il faudra donc s’habituer à vivre avec une inflation plus élevée qu’elle ne l’était récemment – elle qui était encore négative en 2020.
Article paru dans 24 Heures, le 14 mars 2022