Malgré leur remontée depuis la fin de l’an dernier, les taux d’intérêt s’inscrivent à un niveau toujours bas en comparaison historique.
La remontée des taux d’intérêt depuis le début de l’année s’est étendue à l’ensemble des durées. Alors que les taux longs ont ouvert la marche, à l’image du rendement des obligations à 10 ans de la Confédération qui est passé de -0,1% à fin 2021 à 1,5% à fin juin avant d’évoluer dans une fourchette de 0,4% à 1,5%, les taux courts ont suivi le mouvement à l’approche de l’été. En moins de quatre mois entre juin et septembre, la Banque nationale suisse (BNS) a remonté à deux reprises son taux directeur, le faisant passer de -0,75% à 0,50%. La Suisse est ainsi sortie de la période des taux négatifs qui a débuté en 2015 et duré sept ans et demi.
Les taux hypothécaires fixes à long terme avaient été les premiers à réagir. Selon une estimation basée sur des données de la BNS, le taux moyen des hypothèques à taux fixe à 5 ans est passé de 1,1% fin 2021 à environ 2,7% fin octobre 2022. Les taux à 10 ans ont pour leur part été portés de 1,2% à quelque 3,2%. Bien que de tels niveaux n’aient plus été vus depuis 2011, les taux hypothécaires restent relativement peu élevés en comparaison historique. Les taux courts ont également réagi, avec une remontée du taux au jour le jour Saron, qui est passé de -0,7% à 0,5%.
Cette évolution suit un retour en force de l’inflation. Celle-ci a commencé à frémir en 2021. La reprise conjoncturelle, les freins dans les chaînes logistiques ainsi que la hausse des prix des matières premières, de l’énergie et de divers produits semi-finis ou finis, des pénuries dans certains types de marchandises ou les liquidités injectées dans l’économie par les banques centrales avaient déjà pour effet de faire monter les prix.
Ces tensions sont exacerbées depuis fin février par la guerre en Ukraine. Les prix de l’énergie et d’autres matières premières ont flambé et le risque de pénuries, notamment de gaz et d’électricité, est présent. Résultat: en rythme annuel, la hausse des prix s’est inscrite à 7,7% en octobre aux États-Unis et à 10,7% dans la zone euro. De tels niveaux n'avaient plus été observés depuis les années 1980.
En Suisse, le phénomène a été tempéré par l’appréciation du franc et le renchérissement a été de 3,0% en octobre. Cela dit, cette hausse survient après plus d’une décennie d’évolution atone des prix. Entre décembre 2021 et septembre 2022, la BNS a nettement relevé sa prévision d’inflation pour 2022, de 1,0% à 3,0%. Pour 2023, la prévision d’inflation de la BNS est passée de 0,6% à 2,4%.
L’inflation suisse est cependant tempérée par l’appréciation du franc, qui modère la hausse des prix des produits importés, notamment de ceux de l’énergie. Ainsi, le cours de l’euro est passé de 1,03 franc à fin 2021 à 0,99 en octobre 2022. Quant au dollar, il s’est apprécié, passant de 0,91 à 0,98 franc.
Passé un premier choc entre le second semestre 2021 et les six premiers mois de 2022, l’inflation semble se stabiliser, voire, dans certains cas, refluer légèrement. En Suisse, bien que le taux directeur de la BNS puisse continuer de remonter, une éventuelle poursuite de la hausse des taux d’intérêt devrait être sans commune mesure avec celle qui a marqué les premiers trimestres de 2022.