Le sondage trimestriel de la Banque du Japon auprès des entreprises de l’Archipel, le Tankan, confirme une progression du degré de confiance, particulièrement chez les grandes entreprises manufacturières. Ces dernières constituent le cœur des valeurs cotées en bourse et elles tirent profit de cours de change plus favorables.
Les analystes, surtout étrangers, doutent des résultats de la politique actuelle des Abenomics, car ils utilisent l’inflation et le PIB comme seuls baromètres. Ils font fausse route. Le changement majeur se situe sur le plan de la gouvernance d’entreprise. Les managers japonais ont compris qu’ils devaient gérer non seulement leur société, mais également leur bilan et leurs relations avec les actionnaires. Les participations croisées sont graduellement réduites, les dividendes sont accrus et les programmes de rachats de ses propres actions sont de plus en plus fréquents.
Or une meilleure allocation du capital se traduit par une rentabilité plus élevée. Si l’on ajoute à l’équation l’engagement de directeurs externes expérimentés au sein des conseils d’administration, on obtient une dynamique nouvelle. Les bénéfices générés par les sociétés atteignent ainsi aujourd’hui déjà un niveau record, et ils vont encore croître ces prochaines années.
La cerise sur le gâteau est que les actions japonaises se traitent avec un fort «discount» par rapport aux actions américaines en raison d’une rentabilité insuffisante des fonds propres; cet écart est amené à se réduire parallèlement à l’amélioration de la gouvernance. Le flux des investissements liés à la préparation des Jeux de Tokyo en 2020 sera également un catalyseur à ne pas négliger.
Le Premier ministre Shinzo Abe, infatigable et tenace comme le plombier Mario de Nintendo, pourrait ainsi propulser la Bourse de Tokyo au rang de bonne surprise de 2017.
Pierre Mermod, Stratégiste Japon, BCV