Lorsqu’ils ne sont pas recyclés, les pneus libèrent des substances extrêmement toxiques pour les humains et l’environnement.
2 millions de pneus sont jetés chaque année. Tyre Recycling Solutions (TRS) a développé une façon intelligente et écologique pour leur donner une seconde vie. Potrait d’une entreprise vaudoise innovante, soutenue par la Fondation pour l’innovation Technologique.
En 2008, les fondateurs de TRS, Staffan Ahlgren et Pierre Kladny font un constat étonnant : le pneu, objet commun et universellement répandu ne dispose d’aucune solution de recyclage intelligente. Au contraire! Les procédés existants créent une perte de valeur et supposent des procédés très fragmentés. Résultat: dans le monde, près de 2 milliards de pneus sont jetés chaque année…Empilés, en volume, c’est à peu près la distance entre la Terre et la Lune! Qu’elles soient abandonnées dans des décharges sauvages, larguées dans les océans voire brûlées, ces tonnes de caoutchouc libèrent des substances extrêmement toxiques pour les humains et l’environnement.
Après avoir identifié différentes nouvelles technologies qu’il faudra développer, ils fondent TRS - Tyre Recycling Solutions en 2013, en s’associant avec Patrick de Heney. Leur nouveauté ? C’est la combinaison de trois innovations. D’abord, une machine inédite qui coupe les pneus en trois parties plates, ce qui répond à un problème: les frais de transport et de stockage des pneus. Ensuite, un nouveau savoir-faire en matière d’eau à haute pression, à travers la machine Water-Pulse, qui permet de séparer les différents composants du pneu. Le métal et la fibre peuvent être directement récupérés et revalorisés.
Reste le caoutchouc, récupéré sous forme de poudre. Pour le traiter, TRS a collaboré dès ses débuts avec la jeune société TIBIO, dont le fondateur est issu de l’EPFL, pour développer une troisième et dernière technologie, faisant intervenir des bactéries. C’est grâce à leur travail que la poudre de caoutchouc est débarrassée du soufre qu’elle contient. Révolutionnaire, cette biotechnologie totalement verte, efficace contre les mauvaises odeurs permet d’obtenir, in fine, un nouveau matériau breveté et aux applications.
Au final, la solution développée par TRS est extrêmement écologique, mais elle permet surtout de bouleverser la chaîne traditionnelle de valeur: le matériau produit par TRS comporte une nouvelle valeur ajoutée et offre d’autres opportunités, c’est donc un cercle vertueux qui s’enclenche. Pour le moment les principaux clients de l’entreprise sont situés en Europe et actuellement son site pilote de production est basé à Tolochenaz (VD). Le modèle d’expansion prévoit d’intégrer les technologies de TRS chez de futurs partenaires industriels dans le domaine du recyclage des pneus.
TRS a obtenu en 2015 un prêt FIT Early de 500'000.- francs. Ce dernier a permis de retarder son dernier tour de financement, qui devra être bouclé fin septembre 2016, créant plus de valeur et rassurant les investisseurs. En 2017, quatre ans après sa création, la start-up vise déjà la rentabilité. Avec 10 employés, elle déménagera ses installations pour la fin de l’année 2016 afin d’installer son siège et centre de R&D dans le Nord Vaudois…un site qu’elle compte bien conserver en Suisse.
La FIT a comme objectif d’apporter un soutien au développement de projets technologiques innovants, ses aides sont conditionnées à une collaboration avec une Haute Ecole de Suisse occidentale. La BCV est aux côtés de la Fondation depuis ses débuts. En 2013, la contribution annuelle de la Banque est passée de 50 000 à 500 000 francs; une somme qui sera renouvelée pendant dix ans, afin de permettre à la FIT d’élargir ses soutiens.
Camille Andres, rédactrice, pour la BCV