L’absence de personnes au profil adéquat ou leur perte sur un marché très concurrentiel peut en effet priver nombre de PME de repreneurs au fait des arcanes de l’entreprise et de son secteur d’activités.
La raréfaction de main d’œuvre qualifiée engendre des problèmes au quotidien pour les entreprises, mais aussi à plus longue échéance en diminuant le vivier de repreneurs potentiels. La solution? Anticiper.
Recherche main-d’œuvre qualifiée. La pénurie qui frappe de nombreux secteurs en Suisse et ailleurs engendre des difficultés au quotidien dans les entreprises concernées. Mais pas seulement. En effet, elle réduit le vivier de repreneurs potentiels à l’heure où de nombreux responsables de PME voient la retraite approcher.
La forte croissance économique, qui a suivi l’éclatement de la crise sanitaire, a accentué une situation déjà tendue causée par un double phénomène. La pénurie de main-d’œuvre qualifiée était en effet attendue en raison de l’évolution démographique, les baby-boomers arrivant à la retraite. À cette tendance à long terme se sont ajoutés des changements structurels, notamment liés à la numérisation des entreprises. Dans le canton de Vaud, un tiers des sociétés s’avouent préoccupées par les difficultés à recruter, selon le baromètre de la CVCI; la proportion est légèrement supérieure dans l’industrie et le phénomène inquiète davantage les moyennes à grandes entreprises.
Si une transmission d'entreprise se prépare, toute anticipation prend encore plus de sens en période de pénurie de main d’œuvre qualifiée. Cette situation exige ainsi de la part des responsables une gestion encore plus attentive et proactive de leurs forces de travail afin d’assurer la pérennité de leur société. L’absence de personnes au profil adéquat ou leur perte sur un marché très concurrentiel peut en effet priver nombre de PME de repreneurs au fait des arcanes de l’entreprise et de son secteur d’activités.
Une fois acquise – que ce soit par la formation interne, par le recrutement ou par l’acquisition d’une société disposant des forces recherchées –, cette main d’œuvre qualifiée doit être fidélisée. Plusieurs solutions existent afin d’éviter que les personnes aux qualités requises ne soient séduites par la concurrence. Une transmission d’entreprise est un projet à deux auquel chacune des parties doit pouvoir s’identifier et adhérer.
La démarche demande non seulement de tenir informés les collaboratrices et collaborateurs concernés des perspectives d’évolution au sein de l’entreprise, mais aussi de les associer peu à peu au quotidien tant sur le plan managérial que financier. Ce qui signifie les intégrer dans les relations avec les différentes parties prenantes – clientèle, fournisseurs, personnel, etc. – et, pourquoi pas, leur proposer un plan d’intéressement progressif au capital.
Sur le plan financier, le futur repreneur peut ainsi être rémunéré en actions de l’entreprise ou monter pas à pas dans l’actionnariat, sans même parler d’autres prestations, comme tout ce qui touche à la caisse de pensions. Disposant d’une période de transition, l’acquéreur peut ainsi planifier financièrement son nouveau statut et se projeter progressivement dans le rôle de propriétaire. Une responsabilisation du repreneur qui demande néanmoins au futur cédant un partage graduel des rôles.
Investir les personnes compétentes dans la structure et leur présenter la situation de la manière la plus limpide possible participe aussi à limiter l’exode des talents et des départs évitables sur malentendu ou frustration. Il importe d’établir un dialogue avec les papables sans pour autant éveiller une concurrence malsaine entre candidats et candidates. D’ailleurs, peut-être que la future direction sera pluricéphale. Une reprise à plusieurs s’impose parfois comme étant la réponse la plus adéquate, car synonyme d’une mise en commun de moyens financiers, de compétences et de responsabilités.
Et si malgré tout, l’entreprise ne parvient pas à identifier à l’interne un repreneur, peut-être que le cédant pourrait envisager une vente stratégique à une société qui, elle-même, cherche de la main d’œuvre qualifiée.
Au final, la solution pour la reprise de votre PME en cette période de pénurie de main d’œuvre qualifiée sera vraisemblablement un mélange de ces différentes pistes de solutions. Chaque entreprise étant unique, il est intéressant d’envisager tous les cas de figure et de se faire accompagner, avant de se décider. Une constante pourtant: y penser toujours suffisamment tôt.