Entreprises 28 novembre 2022
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Pour reléguer les taux au second plan de vos préoccupations

La gestion de votre charge d’intérêts est-elle adaptée non seulement au mouvement de hausse en cours, mais surtout à la volatilité qui peut être appelée à durer?

Les taux négatifs, c’est du passé. La Banque nationale suisse (BNS) a mis un terme à une anomalie économique qui aura duré près de huit ans, mais dont la fin s’est brutalement accélérée. Plus d’un acteur économique a d’ailleurs été surpris par la rapidité avec laquelle les taux longs, à l’exemple des rendements des emprunts de la Confédération à 10 ans, ont bougé depuis le début de l’année. Encore négatifs à fin décembre 2021, ils ont dépassé 1,4% en juin avant de redescendre aux environs de 0,3% en août, puis de progresser à nouveau. La gestion de votre charge d’intérêts est-elle adaptée non seulement au mouvement de hausse en cours, mais surtout à la volatilité qui peut être appelée à durer?

Gérer son portefeuille de dettes, ces dernières années, était passé au second plan. Le retour à une réalité oubliée a été brusque en début d’année. Dans son dernier message, la BNS ne l’a pas caché, de nouvelles hausses de taux peuvent être nécessaires pour assurer la stabilité des prix. Combien? À quel rythme? Les incertitudes sont nombreuses – que ce soit en matière de croissance, d’inflation, mais aussi de géopolitique – et compliquent d’autant les prévisions. Le taux directeur de la BNS pourrait ainsi atteindre 1% à 1,5% dans la première partie de 2023. Les taux courts vont ainsi peu à peu combler le fossé qui les sépare des taux à plus longue échéance.

Phase plus mature du cycle de taux

Les taux longs, dont les moteurs principaux restent les attentes en matière d’inflation et la situation conjoncturelle, pourraient encore subir quelques tensions avant d’évoluer de manière plus irrégulière. Ils entrent dans une phase plus mature de leur cycle, mais ne devraient pas plonger, à moins bien sûr que l’on traverse une profonde récession. Ce qui n’est pas notre scénario actuel. L’évolution des taux va grandement dépendre de la maîtrise ou non de l’inflation par les Banques centrales.

Pour vous entrepreneurs, la hausse brusque du coût de l’argent vient s’ajouter à d’autres contraintes économiques, conjoncturelles ou structurelles. Que ce soit le renchérissement de l’énergie ou des matières premières, le ralentissement de l’activité dans vos marchés clés – comme l’Allemagne, les États-Unis ou la Chine –, les goulets d’étranglement sur certaines voies commerciales ou encore le manque de main d’œuvre. Sans même parler du franc fort si vous êtes en relation avec la zone euro ou la Grande-Bretagne.

Analyse du portefeuille

Alors, vous pouvez agir afin que la gestion de votre portefeuille de dettes reste au second plan de vos priorités. Analysez votre situation: comment se compose votre dette? Quels sont les taux de vos différents blocs d’emprunts? À quand les prochaines échéances? Imaginez différents scénarios – hausses plus ou moins fortes – et confrontez-les à votre capacité financière.

Peut-être avez-vous opté ces dernières années pour des emprunts flexibles à taux variables. Vous constatez au terme des tests effectués que vos marges ne vous permettent pas d’ignorer totalement la volatilité attendue. Plusieurs solutions se présentent selon deux paramètres essentiels: votre vision sur les taux et votre capacité à prendre des risques. L’important, lorsque vous examinez vos lignes de crédits, consiste en outre à les organiser dans le temps afin de répartir les échéances. Vous évitez ainsi des pics de refinancement et lissez quelque peu la volatilité de votre portefeuille.

Plusieurs solutions

Vous pouvez renouveler une partie de vos échéances via un taux à terme appelé «Forward». Le taux d’emprunt, majoré d’un coût variant selon sa durée, est ainsi fixé par anticipation. Autre solution, si vous avez une marge de manœuvre financière plus importante: vous pouvez protéger une partie de vos échéances lointaines contre de trop fortes hausses par des options, voire des swaps de taux, ces produits dérivés construits sur la base de contrats d’échange de taux. Mais, peut-être que dans votre cas, l’idéal sera un mix de différentes solutions pour tenter à la fois de limiter le poids de vos intérêts dans votre bilan et de gagner en visibilité et en stabilité. Au final, le pourcentage de taux fixes ou variables, la part couverte ou pas dans votre portefeuille de dettes reflétera votre vision de l’avenir en matière de taux.

Comme dans toutes assurances, ces différentes solutions vous coûteront plus ou moins selon leur degré de protection, mais elles vous offriront un peu de sérénité pour traverser les prochains mois, une période qui s’annonce incertaine.

Article paru dans PME de novembre 2022