Même les Suisses mangent moins de chocolat!
En 2014, en plein boom du cours de la fève de cacao, les producteurs peinaient à faire face à la demande mondiale. Une pénurie d’un million de tonnes de cacao était prévue à l’horizon 2020. À partir de ce moment, les cours de la fève de cacao ont plongé et celle-ci pourrissait chez les producteurs sans que l’industrie chocolatière ne s’en émeuve. À USD 2 060 la tonne, le cacao coûte aujourd’hui la moitié moins qu’un an auparavant, ce qui représente le plus bas niveau depuis 10 ans. Hormis la fève de cacao, le chocolat est plus dépendant du cours du beurre de cacao. Le lait, le sucre, les noisettes ou les noix sont aussi des facteurs qui peuvent influencer le prix du chocolat. Selon certaines sources, les volumes consommés sont en recul depuis 2015 sur le plan mondial et devraient continuer de reculer.
L’Afrique de l’Ouest est le plus gros producteur de cacao avec les deux tiers des fèves produites dans le monde. Environ 45% de cette production provient de la Côte d’Ivoire. La World Cocoa Foundation (WCF) mentionne qu’environ 50 millions de personnes dépendent de cette culture et de son industrie. La WCF a été fondée par Nestlé et d’autres compagnies chocolatières afin de s’attaquer aux problèmes qui affectent les cultivateurs de la fève de cacao. Les objectifs de cette fondation sont, par exemple, d’augmenter le revenu des cultivateurs, de mettre en place des programmes environnementaux et d’utiliser des techniques agricoles durables.
Selon le site de statistiques et d’études de marché Statista, les États-Unis, l’Allemagne, la Suisse et la Belgique sont les quatre pays qui regroupent les plus gros producteurs de chocolat. L’Europe de l’Ouest représente environ 35% de la production mondiale, alors que celle des États-Unis est de 28%.
Pour 2017, l’industrie du chocolat suisse dans l’ensemble s’est bien portée, puisque le volume de chocolat écoulé en Suisse et à l’étranger a progressé de 2,7% à 190 731 tonnes, pour un chiffre d’affaires en augmentation de 3,1% à CHF 1 857 millions. Malgré ces bons chiffres, les ventes indigènes continuent de chuter de 1,3% pour un chiffre d’affaires en baisse de 0,4% à CHF 921 millions. La consommation annuelle par habitant en Suisse continue de reculer – un demi-kilo en moins! – pour se retrouver à 10,5 kg. Cette industrie emploie environ 4 600 personnes et on y dénombre quelques 18 entreprises qui exportent principalement en Allemagne (15,8%), au Royaume-Uni (11,3%), en France (1,.2%) et aux États-Unis (7,3%).
La société suisse Barry Callebaut a présenté, à Shanghai, en fin d’année 2017, un nouveau chocolat de couleur rose (le Ruby), naturel, élaboré à partir de fèves de la Côte d’Ivoire, du Brésil et d’Équateur. L’industrie du chocolat a le regard aujourd’hui tourné vers l’Asie et spécialement vers la Chine avec ses 1,3 milliard d’habitants. Selon une étude, les ventes dans ce pays devraient atteindre USD 6,2 milliards d’ici 2020.
Publié dans le commentaire hebdomadaire "Matinale Express - Actions étrangères" de la salle des marchés de la BCV le 26 mars 2018