En faisant appel à des investisseurs étrangers, la Chine diversifie ses sources de financement.
En matière de gestion de fortune, les établissements financiers ont toujours en point de mire l’énorme marché des résidents chinois (onshore), c’est-à-dire les avoirs déposés en Chine. En effet, l’Empire du Milieu, avec son 1,4 milliard d’habitants et ses deux nouveaux milliardaires par semaine, est considéré comme stratégique par les grands groupes bancaires internationaux, dont les suisses. Avec l’expansion de la classe moyenne, le patrimoine cumulé devrait croître de quelque 3000 milliards de dollars dans les cinq prochaines années, estime le Boston Consulting Group.
Ce marché est d’autant plus alléchant depuis que Pékin a annoncé en novembre dernier une ouverture sans précédent de ses marchés financiers. Les groupes étrangers pourront désormais détenir une part majoritaire de 51% (49% jusqu’ici) dans les entreprises de courtage, de gestion d’actifs et de négoce de contrats à terme. Dès 2020, la part pourra monter à 100%. Dans le secteur des assurances, les limites seront complètement supprimées d’ici cinq ans. Et dans les banques chinoises, le plafond de 25% pour les participations étrangères sera aussi levé.
Ces mesures d’ouverture sont une réponse à l’endettement massif des entreprises d’Etat et des autorités locales. En faisant appel à des investisseurs étrangers, la Chine diversifie ses sources de financement. Elle encourage les investisseurs internationaux à s’intéresser à la bourse chinoise, actuellement dominée par les petits épargnants locaux. Elle espère aussi favoriser le terrain pour atteindre son objectif de faire du Yuan une monnaie de réserve globale. Par ailleurs, les nouvelles classes moyennes chinoises, qui ont accumulé beaucoup d’épargne, sont à la recherche de nouveaux investissements, notamment auprès d’établissements exposés aux marchés internationaux.
Cependant, de nombreuses restrictions restent à lever, car le marché est particulièrement difficile à pénétrer pour les banques étrangères. La réglementation constitue le premier obstacle. Par exemple, l’interdiction pour un établissement étranger de gérer les avoirs de leurs clients chinois hors du pays. Par ailleurs, les activités financières sont supervisées de manière compartimentée par différents régulateurs, ce qui multiplie le nombre de licences à obtenir. Difficile donc de se battre sur un pied d’égalité contre des concurrents détenant des licences leur permettant une plus large palette d’activités.
Selon divers acteurs du marché, une poignée de banques suisses seulement ont la capacité de traiter des opérations significatives en Chine. Or, les banques chinoises sont désormais très compétitives et ont l’avantage d’être connues sur leur marché national. Elles sont de fait des concurrents à ne pas sous-estimer. Cela reflète bien la complexité de la gestion de fortune dans ce marché, y compris pour les banques suisses déjà présentes dans ce pays.
Publié dans le commentaire hebdomadaire «Matinale Express – Actions étrangères» de la salle des marchés de la BCV le 29 janvier 2018