La Suède se jette à l'eau et dit non aux taux négatifs.
Depuis plusieurs années, nous vivons dans un monde de taux négatifs. Ces taux ont été utilisés, au départ, comme un moyen de relancer l’économie; mais aujourd’hui, de plus en plus de voix s’élèvent contre cette stratégie des banques centrales. La plupart d’entre elles estiment que les taux négatifs sur une trop longue période auraient un effet contre-productif sur l’économie.
L’idée de départ était pourtant bonne: les taux négatifs étaient censés stimuler l’économie en forçant «indirectement» les banques et les autres sociétés à déployer leurs liquidités plutôt que de les mettre de côté. Or, un des premiers constats fut de voir que cet excédent a servi à une redistribution aux actionnaires plutôt que sa mise en œuvre dans la stimulation de l’économie.
Dans les derniers mois, nous avons entendu, dans certains médias financiers, que les institutions financières commençaient à demander – directement ou indirectement – aux banques centrales de repasser les taux en territoire positif, car cela influençait leur chiffre d’affaires. Un des risques majeurs exprimé est le fait que ces mêmes institutions se mettent à répercuter les taux négatifs sur leurs clients, ce qui arrive déjà dans certains pays européens. Les autres sont en situation d’observation, car, dans le contexte actuel, tout remède est bon à prendre. Quelle solution est-elle la bonne? La question reste grande ouverte.
Cette semaine, nous allons avoir un exemple intéressant. S’il est concluant, nous pourrions assister à une sortie des taux négatifs à grande échelle. En effet, la plus ancienne banque centrale du monde, la Riksbank, fondée en 1668 à Stockholm, a annoncé cette semaine que les taux négatifs avaient joué leur rôle dans le stimulus de l’économie et qu’il était désormais temps d’en sortir.
D’un autre côté, la Réserve fédérale américaine (Fed) a signalé que les taux étaient mis en suspens et que le marché s’orientait vers une année 2020 où le taux directeur de la Fed restera inchangé (source: Bloomberg). La Banque centrale européenne a indiqué, lors du premier discours de Christine Lagarde, qu’elle était en pleine révision de sa politique actuelle par rapport à la situation économique en Europe.
La Suède agit en précurseur, mais la tâche ne sera en aucun cas aussi facile pour les autres banques centrales, dont la monnaie est dite «de réserve». Ceci est valable pour le dollar américain, l’euro, le yen japonais et le franc suisse. En effet, un élément clé pour chaque banque centrale est le taux d’inflation dans la zone où elle est active et, pour le moment, les objectifs à son sujet ne sont pas remplis, hormis pour la Suède.
Malgré cela, il va être intéressant de suivre ce mouvement de taux, d’observer l’impact sur l’économie et, surtout, la réaction des autres banques centrales dans les mois suivant ce mouvement inédit.
Publié dans le commentaire hebdomadaire "Matinale Express - Actions" de la salle des marchés de la BCV, le 17 décembre 2019