28% du total de la dette britannique sont détenus par des investisseurs étrangers.
La Banque centrale du Royaume-Uni devrait avoir un rôle crucial à jouer après le Brexit, afin de restaurer la confiance des investisseurs étrangers. Tour d’horizon avec Ivana Vuletic.
Le premier ministre britannique, Boris Johnson, en est convaincu: il n’y aura pas de report du Brexit, fixé à J-23, déjà retardé deux fois. Il s’acharne d’ailleurs à convaincre ses homologues européens en sillonnant les diverses capitales.
Toutefois, selon une loi adoptée par le Parlement britannique, un accord doit pourtant être trouvé durant le sommet européen des 17 et 18 octobre prochains, afin d’éviter une sortie sans accord.
Jusqu’à maintenant, les bons du Trésor, appelés Gilts, ont joué un rôle de valeur refuge au niveau global contre les risques liés au Brexit, proposant des rendements similaires aux obligations du Trésor américain, donc plus élevés que les rendements des obligations allemandes.
Ceci était de bon augure pour le Royaume-Uni, car sa dette était soutenue. Le revers de la médaille reste cependant, pour eux, la nationalité de leurs détenteurs.
En effet, selon les dernières statistiques datant de mars 2019, 28% du total de la dette britannique, soit environ GBP 556 milliards, sont détenus par des investisseurs étrangers (source: Bloomberg).
Le fait que le Royaume-Uni avance vers la perspective d’une sortie sans accord est devenu une source d’inquiétude pour les investisseurs étrangers. Même si, jusqu’à présent, ils considéraient les Gilts comme une valeur refuge, le risque de récession post Brexit ainsi que la hausse des taux pourraient les faire fuir rapidement, emmenant avec eux cette manne financière qui appuyait la stabilité des bons du Trésor anglais. Divers gérants de fonds ont d’ailleurs déjà commencé à réduire leur exposition aux Gilts, de quelques pour-cent pour certains à une exposition proche de zéro, voire même à zéro pour d’autres. En réalité, personne ne souhaite avoir une pleine exposition à ce risque au vu de l’incertitude ambiante.
Une fois le Brexit accepté et mis en pratique, qu’adviendra-t-il des Gilts? Face à l’incertitude, la plupart des investisseurs évitent de se positionner. Afin de les convaincre de rapatrier une partie de leurs investissements, il faudra que le Royaume-Uni soit capable de restaurer la confiance en gérant le contrecoup du Brexit.
C’est ici que la Banque centrale du Royaume-Uni (BOE) aura un rôle crucial à jouer. Elle avait déjà mis en place un plan de soutien des marchés immédiatement après les résultats du vote de 2016. Elle devra donc refaire une intervention peu de temps après la sortie de l’Union européenne, afin de restaurer la confiance des investisseurs. Ses actions seront déterminantes pour que les Gilts attirent à nouveau les capitaux étrangers et soutiennent le marché… ou pas.
S’il n’y a plus de report, la situation sera connue d’ici un mois environ.
Par Ivana Vuletic, BCV
Publié dans le commentaire hebdomadaire "Matinale Express - Actions" de la salle des marchés de la BCV, le 8 octobre 2019