Certaines grandes marques, comme Swatch Group ou Audemars Piguet, ont annoncé qu'elles ne participeront plus aux salons horlogers, qui ne répondraient plus à leurs attentes.
S’entendre pour ne pas disparaître? Les organisateurs des grands salons horlogers ont dû se pencher sur la question.
Le 21 mars prochain ouvrira un quelque peu singulier «Baselworld», la grand-messe de l’horlogerie helvétique. Comme chaque année, les marques les plus prestigieuses se pareront de leurs plus beaux atours afin de séduire une clientèle toujours plus exigeante. Oui mais voilà, cette 17e édition aura un goût particulier en l’absence de marques stars, pour cause de «coût trop élevé». Véritable bras de fer? Partie de billard à 3 bandes ou fin pure et simple de ce grand rendez-vous? Petit tour d’horizon des forces en présence.
L’été dernier, Swatch Group a confirmé son départ du salon bâlois: «Aujourd'hui, tout est devenu plus transparent, plus rapide, plus instantané. Il faut désormais un autre rythme et une autre forme». Sous cette formule policée se cache en réalité des attaques plus virulentes du groupe de la famille Hayek, qui reproche en coulisses notamment à MCH (organisateur de l'évènement) de demander des frais d’entrée prohibitifs aux marques, afin de financer les coûts de financement de l’immeuble dans lequel se tient Baselworld.
De Vacheron Constantin (Traditionnelle Twin Beat QP) à Audemars Piguet (avec sa «scandaleuse» Code 11.59), en passant par Jaeger-LeCoultre (Master Grande Tradition Gyrotourbillon Westminster Perpétuel), les marques se sont déplacées en nombre à Genève en janvier afin de présenter leurs nouveautés. Tandis que le Baselworld se tient en mars, le SIHH le précède de quelques semaines. Cette situation implique de se rendre deux fois en Suisse en l'espace de quelques semaines. Et c'est bien là tout le problème.
Avec une croissance de l’ordre de 7% des exportations horlogères en 2018 et une embellie généralisée du secteur, nous aurions pu imaginer une cohabitation froide et à distance, voire une guerre fratricide, entre les deux salons. Cependant, à la stupéfaction générale, les deux groupes ont pourtant décidé d’aligner leur calendrier à compter de 2020. Terminés les allers-retours pour la presse internationale et les clients fortunés. Désormais, les deux expositions tiendront place l’une à la suite de l’autre. Cette stratégie gagnant-gagnant démontre, si cela était encore nécessaire, la maturité des intervenants du secteur qui, plutôt que de rentrer dans une guerre fratricide, ont décidé d’un «mariage de raison» et créé un rendez-vous mondial et fédérateur.
Publié dans le commentaire hebdomadaire "Matinale Express - Actions étrangères" de la salle des marchés de la BCV, le 18 mars 2019