Helvitek Labs, spécialisée dans les masques urbains antipollution, a développé en un temps record un composant morphologique pour améliorer le confort des masques médicaux.
Toutes les jeunes pousses technologiques vaudoises ne sont pas touchées de la même manière par la pandémie. Certaines voient leur capacité d’innovation catalysée par la crise, d’autres sont fragilisées. Une aide financière a été annoncée par les autorités.
Championnes de la flexibilité et de l’agilité, les start-up sont néanmoins confrontées à des difficultés d’ordre financier. Comme l’ont souligné beaucoup d’experts, les aides déployées par la Confédération pour les PME et les indépendants en début de crise s’appliquent difficilement aux jeunes pousses, qui ont des problématiques spécifiques et ne remplissent pas certains critères appliqués aux entreprises «classiques».
Au sein de l’écosystème romand de l’innovation, les situations sont très contrastées. Elles dépendent en grande partie de l’étape de développement de chaque start-up. «Pour toutes celles qui sont dans une phase de recherche et développement, le problème, c’est de voir une levée de fonds décalée ou annulée. Mais il n’y a pas de perte de clients, puisque, par définition, la commercialisation n’a pas démarré», décrypte Julien Guex, secrétaire général de la Fondation pour l’Innovation Technologique (FIT). Selon Jordi Montserrat, cofondateur de Venturelabs, interviewé par PME Magazine, l’environnement incertain entraîné par la pandémie a causé une baisse d’investissement de 30% dans les start-up pour le seul premier trimestre 2020.
Les conséquences de ce manque de revenu diffèrent, là aussi, selon la taille de l’entreprise. «Plus la structure est petite et moins elle a de frais fixes, moins l’impact est important. Une toute petite équipe peut réussir à rester en mode “lean” deux à trois mois », estime Julien Guex. En revanche, les scale-up, en forte croissance, qui regroupent déjà des équipes de 10, 20 personnes ou plus, sont très touchées lorsqu’une levée de fonds est stoppée.
C’est le cas d’Abionic, medtech de 50 salariés qui a développé un test pour diagnostiquer le sepsis, et qui venait de finaliser des études cliniques. «Nous devions boucler une levée de fonds fin mai et les ventes de notre test de sepsis devaient démarrer, soutenues par une série de conférences scientifiques internationales où notre produit devait être présenté par différents chercheurs convaincus de son utilité; toutes sont malheureusement annulées», se désole Nicolas Durand, CEO de la jeune compagnie.
Le choc est tout aussi rude pour les entreprises qui avaient tout juste entamé la commercialisation de leur produit. «Celles dont le chiffre d’affaires était encore peu important vont devoir se tourner vers leurs investisseurs pour trouver un complément de financement», estime Julien Guex.
Par contraste, un petit nombre d’entreprises innovantes ont réussi à faire évoluer leur activité ou à apporter des réponses face à la crise. On retrouve parmi elles Abionic, dont le test de sepsis est utile pour identifier les cas de surinfections bactériennes chez certains patients touchés par le Covid-19. «Nous avons eu l’opportunité de développer une étude très rapidement avec les HUG», explique Nicolas Durand. Autre exemple, Helvitek Labs, spécialisée dans les masques urbains antipollution, a pu développer en un temps record un composant morphologique pour atténuer les lésions entraînées par le port quotidien de masques.
Ces success-stories restent cependant limitées. Rares sont les entreprises technologiques actives dans un secteur directement concerné par la pandémie. Et si, dans l’ensemble, «on considère que les start-up n’ont peu ou pas de chiffre d’affaires et dépendent d’un financement externe», comme le souligne Julien Guex, elles se retrouvent globalement fragilisées. Pour le responsable du Service innovation et veille de la CVCI, le canton de Vaud compte 300 start-up au regard de la définition des services de promotion économique, dont une trentaine de scale-up. Et environ «un tiers» de ces entreprises affrontent aujourd’hui des situations très compliquées.
Mi-avril, le Canton de Vaud a annoncé un soutien de 20 millions de francs aux start-up sous forme de prêts sans intérêt. Le 22 avril, le Conseil fédéral a décidé d'utiliser le système de cautionnement dont bénéficient déjà les PME afin de soutenir les start-up, avec une nouvelle procédure. Les détails des mesures doivent être communiquées d'ici fin avril.
Par Camille Andres