Les lecteurs de PME se sont notamment intéressés aux pistes à suivre en matière d'investissement en cette période de récession.

VOTRE ARGENT 9 avril 2020

Faut-il continuer d’investir pendant la crise?

La chute de 30% la plus rapide de l’histoire des marchés boursiers a contraint nombre d’investisseurs à s’interroger. Certains ont posé leurs questions lors d’un live chat organisé par PME Magazine et auquel ont pris part deux experts de la BCV, René-Pierre Giavina, stratégiste financier, et Patrick Botteron, directeur du Private Banking Onshore. Extraits.

Certains observateurs pensaient que les marchés étaient trop hauts avant la crise (…). La dégringolade actuelle n’est-elle pas finalement une bonne chose?

Avant l’éclatement de la crise, les marchés boursiers se traitaient à des niveaux de valorisation qui n’étaient pas excessifs à en juger l’environnement de taux bas et l’amélioration des perspectives conjoncturelles – et donc des bénéfices attendus des sociétés, élément de référence dans l’une des méthodes d’appréciation du prix des actions. L’arrêt de l’activité d’une grande partie de la planète – chose inédite – pour lutter contre la propagation du coronavirus est intervenu alors que les chiffres en provenance de l’économie réelle confirmaient ce qu’annonçaient les indicateurs avancés de l’activité depuis quelques mois: à savoir que la croissance de l’économie mondiale se reprenait après les doutes de début 2019 (guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis).

Dire que la chute de 30% la plus rapide de l’histoire est une bonne chose est une interprétation très personnelle.

Nous devons distinguer entre les clients qui étaient déjà investis ou ceux qui ne l’étaient pas. Pour ceux qui l’étaient déjà, cette baisse est très douloureuse, mais elle rappelle les valeurs fondamentales d’investissement, à savoir la discipline, le respect de son profil de risque et de son horizon d’investissement.

Pour ceux qui n’étaient pas investis, cette situation peut représenter une opportunité pour constituer un portefeuille de qualité et diversifié. Attention toutefois à ne pas se précipiter et à construire avec votre conseiller une stratégie d’investissement qui vous corresponde. Cette situation force à une certaine prudence, à une nécessaire humilité, mais présente aussi des opportunités.

Combien de temps avait-il fallu à la suite de la crise de 2008 aux principaux marchés pour retrouver leurs niveaux d’avant crise (et en 2001)?

Le temps de récupération, c’est-à-dire la période nécessaire pour retrouver les anciens plus hauts du marché à partir des plus bas d’un marché baissier, s’étend en moyenne sur 24 mois. Ce temps de récupération ne dépend pas de l’ampleur de la chute et varie fortement selon les épisodes baissiers. Les crises du début des années 2000 et de 2008 ont mis respectivement 56 et 49 mois pour récupérer. Aujourd’hui, le S&P 500 est encore environ 20% en dessous de son dernier record établi le 19 février à 3386 points.

Pour retrouver tout le chemin perdu depuis les plus hauts du dernier marché haussier, le marché a en moyenne besoin de 40 mois. Lors des deux dernières crises, il a fallu plus 86 et 66 mois, soit plus de sept et cinq ans pour retrouver les sommets précédents.

Toutefois, il faut faire preuve d’humilité. Cette crise est inédite. Tout comme le sont les mesures de relance qui ont été prises par les gouvernements et les banques centrales.

Si j’ai potentiellement perdu pas mal d’argent sur une position et que les fondamentaux sont solides, pensez-vous que je devrais racheter?

Les dernières crises financières nous ont appris qu’il ne fallait pas céder à la panique. Dans ces périodes, il est important de vous concentrer sur vos objectifs financiers et de rester investi si votre horizon d’investissement est à suffisamment long terme. C’est d’autant plus important que les rebonds, comme nous venons de le vivre, peuvent être tout aussi violents.

Cette situation prouve que c’est en restant investi que vous arriverez à dégager de la performance dans la durée. Toutefois, vu le rebond récent, nous vous proposons de ne pas compléter vos positions dans l’immédiat et d’attendre une prochaine baisse pour agir. Ces prochains mois présenteront de nouvelles opportunités pour réinvestir.

L’or en tant que valeur refuge, est-il la solution actuellement?

Actuellement, l’or fait partie d’un portefeuille diversifié. Il remplit en effet son rôle de valeur refuge lorsque les incertitudes financières sont grandes. Durant les périodes de turbulence économiques et financières marquées, le métal jaune tend à mieux performer. Par ailleurs, une fois la phase aiguë de stress franchie l’or pourrait profiter d’une faiblesse du dollar et de la dégradation des finances publiques.

Vous pouvez retrouver l’entier du live chat sur le site de PME Magazine