L’obligataire affiche sa plus forte baisse depuis 2008

VOTRE ARGENT 15 mars 2022

Pourquoi l’obligataire ne protège guère?

Les marchés obligataires ont subi récemment une perte d’environ 10% en termes de valeur boursière, un phénomène qui ne s’était plus produit depuis plus d’une décennie. L’Indice Bloomberg Fixed Income Global Aggregate a en effet reculé de 9,9% par rapport à son plus haut mesuré au début de l’année 2021. Cette chute des prix rappelle celle de 2008.

Pour autant, les baisses ne sont pas uniformes sur toutes les poches de marchés. Les emprunts les plus touchés à ce jour sont les obligations asiatiques en USD, qui ont perdu 10,5%, victimes de la hausse du taux de défaut sur les obligations du secteur immobilier chinois.

Néanmoins, la cause principale de la perte de valeur des indices obligataires est surtout à mettre en relation avec les incertitudes économiques et géopolitiques actuelles et le manque de protection des emprunts gouvernementaux dans un tel contexte.

L’obligataire en mal de repères

Le plus grand «challenge» du marché aujourd’hui est de trouver le juste milieu entre plusieurs forces antagonistes qui agissent, hélas, simultanément. Il y a, tout d’abord, l’inflation persistante qui met à mal toutes les positions en portefeuille achetées durant les années à très faible rendement. Cette inflation devient une source de préoccupation d’autant plus importante qu’elle est alimentée par l’augmentation brutale des prix de l’énergie. À cette inquiétude s’ajoute celle de la guerre en Ukraine. La montée du risque géopolitique fait planer le spectre d’une course à l’achat des actifs sans risque qui, toutefois, n’arrive pas en raison de l’envolée de l’inflation et de l’incertitude quant aux futures décisions des banques centrales. En cumulant tous ces facteurs, les investisseurs se rendent compte qu’il n’y a pas vraiment de poches «sans risque» où se positionner dans ce marché.

Il reste toutefois une lueur d’espoir dans les obligations d’entreprise, dont l’écart de rendement (spread) avec les emprunts souverains de première qualité s’est récemment élargi. Ce mouvement ouvre la porte à des investisseurs audacieux, mais disposant aussi d’un horizon d’investissement plus long, ces obligations n’étant pas positionnées pour permettre des gains dans l’immédiat. Néanmoins, même dans ce cas, aucun indicateur ne permet pour le moment d’assurer la réussite d’une telle stratégie.

Les banques centrales en délicate posture

À ce jour, le marché obligataire se trouve dans la tourmente, car il faudra trouver la bonne formule afin de bien percevoir le point d’équilibre entre inflation galopante, risques géopolitiques et futures décisions des banques centrales. Ces dernières, si elles s’avéraient trop drastiques, pourraient produire un effet boomerang sur le moyen terme provoquant une période de «stagflation», voire de récession.